« (…) Et l'on commettrait une erreur en s'imaginant que n'importe qui peut remplacer Lopez : il faut une connaissance particulière du problème à résoudre. (…) Pourquoi les auteurs que nous tenons pour intelligents n'écrivent-ils pas des chansons intelligentes avec une musique sur mesure pour Guétary ou Mariano ?  Car rien ne prouve que ces artistes refuseraient, s'ils en trouvaient, des chansons intelligentes !  On pourrait répondre que, d'une part, cela choquerait l'oreille, habituée à ne chercher qu'un timbre et surprise par une signification, et que, d'autre part, si le texte était bon, ce serait le desservir que d'en distraire l'attention sur la voix. La meilleure preuve de la difficulté d'une tâche semblable est l'indigence parfaite des quatre vingt-dix-neuf centièmes des livrets lyriques.  Dans ce jeu de voix qu'est l'Opéra, le texte recule en général les bornes de l'idiotie.  (…)
«Une bonne chanson populaire exige une voix humaine et non une voix trop artificielle.  De là à dire qu'une bonne chanson est une chanson humaine, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons point, car nous haïssons les vérités premières qui surgissent comme ça, sans qu'on ait rien fait pour.»

Boris VIAN, En avant la zizique.